Un sentiment inexistant au début
Lorsque j’étais CTO, comme nombre de mes confrères, j’ai vécu mon poste à travers différentes phases du projet.
À chaque phase, le poste évolue. Mais loin d’un recrutement ordinaire, chacune de ces évolutions se fait sans nouvelle fiche de poste, sans formation officielle, sans annonce. Il n’est donc pas toujours évident d’identifier ces changements, les nouvelles attentes, mais bien sûr aussi d’être à la hauteur.
Lorsqu’on est présent dès les débuts d’un projet, il y a une dimension « hands-on » très forte, qui permet de tisser des liens et d’être intégré en profondeur dans l’équipe de développeurs. Lors du démarrage, le sentiment de solitude est donc inexistant : même en ne codant qu’à 50%, on est assimilé au sein de l’équipe, on participe à toutes les discussions, tout est partagé au sein du petit groupe.
Puis le projet prend de l’ampleur, et divers bouleversements se profilent :
- renforcer la dimension produit
- renforcer l’équipe de développeurs
- renforcer les relations tech avec les fonctions CSM, BizDev
- participer de plus près à l’avant-vente (en B2B)
L’excitation d’abord
Tous ces nouveaux défis qui se profilent sont une grande source d’excitation, et même de motivation. Plus de collaboration avec différents métiers, définir les contours du recrutement tech, passer la main sur des sujets comme l’opérationnel produit… et apprendre à gérer de nombreuses difficultés plus administratives, comme la RGPD, le CIR ou le suivi de la performance.
Le sentiment d’apprendre, de trouver des solutions, une certaine effervescence aussi.
Toute cette énergie cache déjà une réalité : dans nombre de ces difficultés, le CTO va se trouver très seul pour prendre des décisions qui pourront avoir un impact important sur les équipes, le produit et même le développement de l’entreprise.
Le vertige des enjeux
Petit à petit, on réalise deux choses :
- nombre de décisions cachent des enjeux importants
- on est très seul pour les prendre… même lorsqu’on est entouré
Bien sûr, en tant que CTO on interagit avec plein de monde : les développeurs, le produit, l’équipe dirigeante.
Mais face aux décisions à prendre, on réalise que cet entourage ne pourra pas nous aider.
- Les développeurs sont toujours contents de savoir sur quels sujets on travaille, mais sont également soulagés de ne pas y mettre la main pour se concentrer sur leur job
- les autres dirigeants échangent volontiers, mais ont déjà une telle charge mentale sur leurs propres difficultés que la conclusion sera généralement « je te fais confiance »
Difficile d’en vouloir à qui que ce soit. Mais la conclusion est féroce : dans nombre de situations, la solitude régnera en maîtresse sur les choix et leurs conséquences.
Comment lutter ?
Évidemment, continuer à parler de vos difficultés et questionnements avec vos interlocuteurs habituels : même s’ils ne vous donnent pas de conseils, il peut y avoir un effet « rubber duck » qui vous aide à clarifier votre pensée voire même faire émerger de nouvelles solutions.
De façon encore plus efficace, vous pouvez prendre un coach ou un mentor, avec lequel vous créerez des espaces d’échanges, et qui pourra également vous apporter des conseils.